Son titre de champion de France 1re division en +100kg à Chalon-sur-Saône restera comme l’un des moments forts de l’événement national seniors de ce début novembre. Lui ? Angel Gustan, vingt-et-un ans, ceinture marron, licencié et titulaire au sein de la franchise du Montpellier Judo Olympic, actuellement sixième au classement de la Judo Pro League après trois journées. Un colosse d’un mètre quatre-vingt-dix-sept centimètres et de cent-vingt kilogrammes qui a impressionné, époustouflé même, sur les tatamis du Colisée chalonnais ! « Il n’aura passé, en quatre combats, qu’une minute et trente secondes sur le tapis, explique Arthur Combeau, directeur technique de la structure montpelliéraine. À Chalon-sur-Saône, il réalise la journée parfaite, gérant impeccablement la pause entre les éliminatoires et le bloc final, en restant bien concentré, ce qui lui avait un peu fait défaut à Malaga trois semaines avant. »
Mais qui est Angel Gustan ? Inconnu du grand public il y a encore quelques semaines, Arthur Combeau nous en dit plus sur la nouvelle pépite des +100kg tricolores. « Angel a débuté le judo en Martinique à sept ans. En 2019, alors en deuxième année chez les cadets, il finit cinquième des championnats de France en -90kg. Mais il doit arrêter le judo pendant trois ans à cause du covid. En septembre 2023, il arrive en métropole, à Montpellier, pour suivre des études d’ingénieur. Il a rejoint le club en décembre de la même année. » Deux entraînements par semaine sur le tapis du pôle espoirs, de la partie sur ceux dispensés au club et de la préparation physique : le programme hebdomadaire n’a rien de révolutionnaire. Mais où se cache le secret de cette réussite que personne – ou presque – n’avait vu venir ? « Il ne se pose pas de question, suggère Arthur Combeau. Il a de grosses qualités judo, est toujours dans l’attaque. Je pense également que la culture club est une autre explication. J’ai la faiblesse de penser qu’il se sent bien avec nous, qu’il est heureux de s’entraîner au club. Une chose est sûre en tout cas : Angel est un garçon extrêmement agréable, qui a toujours le sourire. C’est un vrai bonheur de l’entraîner. »
Très fort sur les mouvements de jambe, ce droitier avait tout de même déjà attiré l’œil des spécialistes en début de saison. « Début octobre, il gagne le tournoi de Noisy-le-Grand, puis enchaîne une semaine après avec une belle médaille d’argent sur la coupe européenne d’Espagne de Malaga. La dynamique était donc très positive avant ces championnats de France. »
Un titre national seniors – le premier du club – qui fait entrer Angel Gustan dans une autre dimension. Le voilà devenu, par la magie de son sacre national, le leader affirmé d’une équipe montpelliéraine qui se déplacera deux fois en novembre, au Dojo Béglais ce mardi 12 novembre et au Dojo Nantais une semaine plus tard. Deux rencontres décisives afin de rester dans les huit premiers, synonyme de qualification pour les quarts de finale. « Nous sommes dans les temps de passage, poursuit Arthur Combeau. Nous affrontons deux équipes qui évolueront à domicile, mais qui ont perdu leurs deux premières rencontres. Pour notre troisième participation, notre objectif est clair : au minimum les quarts de finale. » Une ambition pour laquelle le club de la présidente Christel Boxberger-Lavaud n’a pas souhaité se départir de sa philosophie : s’appuyer essentiellement sur les judokas du club, et renforcer les catégories qui avaient besoin de l’être. « À côté d’Angel, nous avons également deux autres licenciés du club qui brillent : Emma Melis, encore juniors, et qui vient de finir septième aux championnats de France en -57kg, ou Hugo David, cinquième des championnats de France juniors 2024 en -73kg. »
Et si, lors de ses deux premières rencontres de Judo Pro League, contre les combattants du JC Chilly-Mazarin Morangis et des Arts Martiaux d’Asnières 92, Angel Gustan avait perdu, alors que l’issue des rencontres était déjà jouée avant son entrée en piste – « Je vais d’ailleurs proposer que pour la prochaine édition de la Judo Pro League, la catégorie qui débute soit tirée au sort », précise d’ailleurs le directeur technique montpelliérain, il a fait mieux que se rattraper lors de cette troisième journée face au Dojo Béglais. Son magnifique ko-soto-gari infligé à Alex Khouma en cinq secondes a en effet permis au club montpelliérain de l’emporter cinq victoires à quatre et de conforter sa place dans le top 8. La « hype » Gustan au sein du judo français est définitivement lancée !